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22 avril 2022

Des chiens au service des personnes malvoyantes

La mobilité est au coeur de notre indépendance, et les moyens de nous déplacer en sont les garants.

Environ 350'000 personnes en Suisse sont handicapées de la vue. Parmi les chiens guides formés par les établissements responsables de leur éducation et de leur bien-être, 350 labradors deviendront – le temps d’une vie – les yeux des malvoyant-es.

La fondation romande pour chiens guides, située à Brenles dans le canton de Vaud, en formera, elle, une vingtaine par année. Tous les toutous naissent dans cette grande maisonnée de pleine campagne et y vivent leur vie de chiot jusqu’à 9 semaines. Ils sont ensuite placés en famille de parrainage jusqu’à 18 mois, âge auquel ils reviennent à l’école pour être évalués et débuter leur formation. Les heureux élus diplômés seront remis gratuitement aux personnes aveugles ou malvoyantes. À l’âge de 12 ans, le chien guide prendra une retraite bien méritée dans une famille de bénévoles.

Sans compter le sentiment de sécurité et d’indépendance qu’apportent les chiens guides aux personnes handicapé-es de la vue, ils permettent aussi de tisser des liens sociaux souvent appauvris par le handicap, en servant d’intermédiaire entre le monde des voyants et des non-voyants. Mais qu’on ne s’y méprenne pas: les labradors n’endurent pas une vie de dur labeur, bien au contraire. Choyés et entourés, les instructrices et les instructeurs se dévouent quotidiennement pour leur bien-être. Nous avons rencontré Manoel Guyot, instructeur professionnel qui travaille et vit à l’année à la fondation, et qui reconnaît volontiers passer au-delà des heures raisonnables pour les dorloter…

Combien de mots un chien guide doit-il apprendre?
Au terme de sa formation, le chien guide est capable de répondre à 36 commandes vocales. En Suisse, il faut savoir que les ordres que nous utilisons sont en langue italienne. Cette langue est la plus adaptée, car la plus chantante au vu de ses nombreuses voyelles.

Comment se déroule la formation du futur chien guide?
À 18 mois, quand les chiens reviennent à la fondation après leur sociabilisation dans une famille de parrainage, ils sont évalués, puis pris en charge par une instructrice ou un instructeur qui lui dispensera 120 séances de travail de 45 minutes.

Les chiens ont une vie plutôt classique. Leur formation se déroule le matin, après leur sortie au parc. Ils sont emmenés en ville où ils apprennent les obstacles de la vie courante. L’après-midi, les chiens profitent d’une promenade détente et ils ressortent au parc avant la nuit. Au terme de leur formation, ils devront passer deux examens, le premier à l’interne et le second avec un expert. Nous l’accompagnerons ensuite pendant 12 jours dans sa future maison pour habituer le chien à sa nouvelle vie et repérer les trajets habituels de la personne malvoyante. Durant toute sa vie de chien guide, nous rencontrerons le binôme une à deux fois par année.

Est-ce que le chien doit se perfectionner au fil des ans?
Ce qui lui a été appris durant ses premières années de vie et sa formation est acquis, mais nous organisons des cours de perfectionnement et des rencontres annuelles entre les détentrices et les détenteurs de chiens.

Comment apprend-on à un chien guide à refuser un ordre en cas de danger?
C’est une technique qui se nomme la désobéissance intelligente. Il y a deux catégories de méthodes sur lesquelles le chien travaille: le comportement automatique et le comportement de ciblage. Dans le premier cas, le chien adopte lui-même le comportement approprié dès qu’il porte un harnais (traverser une rue, éviter les obstacles, etc.). Les obstacles sont donc signalés de façon automatique. Le comportement de ciblage, lui, doit permettre au chien d’alerter des obstacles imprévus, c’est-à-dire par exemple, des escaliers, des changements de niveau, une bordure, etc. Le chien informe spontanément leur présence à son maître par un arrêt. La personne handicapée de la vue peut alors chercher à comprendre l’arrêt du chien et son refus d’avancer. C’est cela la désobéissance intelligente. Tant que la-le propriétaire du chien n’indiquera pas clairement qu’elle ou il a compris la raison de son arrêt, le chien refusera d’avancer.

Quelle est la part de participation du chien dans les déplacements de l’homme?
La part est de 50-50. La personne malvoyante donne des indications au chien, le chien les exécute, évite les obstacles, trouve ce qu’on lui demande. C’est un tandem qui devient très vite fluide, mais il est essentiel pour le maître de bénéficier d’une bonne mobilité. C’est d’ailleurs une des conditions pour bénéficier de l’aide d’un chien guide.

Que pouvons-nous concrètement faire pour faciliter la vie des personnes malvoyantes?
Il est fondamental de ne pas interagir avec un chien qui porte un harnais. Le harnais signifie que le chien travaille. Il faut donc éviter de le distraire, de le déranger et même de le caresser.

De plus, quand une personne malvoyante traverse la route, il est utile de lui indiquer clairement que la voiture est à l’arrêt en coupant le moteur par exemple, voire en baissant la vitre pour signaler à la personne handicapée de la vue que la voie est libre.

Combien coûte un chien guide?
Les dépenses totales se situent entre 55'000 et 65'000 CHF.- Ce prix comprend l’élevage, le suivi, la formation, les frais de vétérinaire, d’hébergement, etc. Tous les services sont gratuits pour les personnes en déficit visuel.

Pour soutenir la fondation: https://www.chienguide.ch/fr/soutenez-nous

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