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©Image: Seth Doyle / unsplash.com

21 janvier 2022

Le vélo n’a plus la cote chez les jeunes Suisses

La part du vélo dans les moyens de déplacement des jeunes a baissé de 50% en 20 ans.

Depuis la pandémie, nous sommes tous témoins du plein essor du vélo en Suisse: en 2020, les ventes ont augmenté de 25%. Pénurie dans les magasins, longs délais lors des livraisons et "bandes cyclables Covid" dessinées dans l’urgence faute d’infrastructure… Sans conteste, la petite reine a bien pris du terrain, il s’agirait même du seul moyen de transport que les helvètes n’ont pas boudé pendant la crise. On imagine donc facilement que les jeunes ont su tirer profit de ce véhicule aux bénéfices irréfutables. Et bien pas du tout. Depuis 20 ans, le vélo perd de sa popularité auprès des adolescent-es et des jeunes adultes. Ils sont même la moitié moins à l’utiliser que durant les années 90.

Mandaté par l’Office fédéral des routes (OFROU), l’Observatoire universitaire du vélo et des mobilités actives de l’Université de Lausanne (OUVEMA) a réalisé une étude sur la pratique du vélo chez des jeunes âgé-es de 13 à 20 ans. La ville d’Yverdon-les-Bains a été retenue pour l’analyse en raison de sa topographie intéressante pour la pratique du vélo, d’une offre de mobilité variée et de la présence d’établissements scolaires allant du secondaire I au gymnase.

Abandon progressif

Il en ressort en premier lieu que les jeunes possèdent de moins en moins leur propre vélo, et qu’ils et elles sont même 2% à n’avoir jamais appris à en faire. La perte de la pratique du vélo s’intensifie progressivement au fil des âges. Tout d’abord en grandissant, le vélo devient trop petit et les jeunes sont peu enclins à réinvestir de l’argent dans un nouveau vélo à leur taille. Un premier recul se manifeste entre 13 et 15 ans, à l’entrée en secondaire II. En effet, la distance pour se rendre à l’école est rallongée et les trajets en transports publics engendrent une nouvelle autonomie pour l’adolescent-e qui ne voit donc pas l’intérêt d’acquérir un nouveau vélo. De plus, le temps libre par rapport au secondaire I est diminué et entraine une perte de moments récréatifs pendant lesquels le vélo était volontiers utilisé. Ils et elles sont ensuite toujours plus nombreux à abandonner leur bicyclette à 18 ans, âge pour le permis de conduire.

Entre 13 et 15 ans, 19% utilisent encore leur vélo. Ce chiffre n’est plus qu’à 6% entre 16 et 20 ans.

Nouvelles alternatives de mobilité et typologie des cyclistes

Les nouvelles alternatives de mobilité telles que les transports publics, les trottinettes, les deux-roues motorisés mais aussi la voiture des parents relayent le vélo au second plan. Si presque tous les jeunes savent encore rouler à vélo, leurs connaissances sont insuffisantes pour une pratique utilitaire (rouler dans le trafic). De plus, la distance est un point important à prendre en compte: si le trajet est trop court, la marche est concurrentielle, s’il est trop long, les transports individuels motorisés ou les transports publics prendront le relais. Les cyclistes utilitaires diminuent avec l’âge et parallèlement avec l’autonomie croissante de l’adolescent-e. Un autre facteur explicatif est l’usage du vélo par les parents: un jeune aura plus tendance à rouler à vélo si ses parents en font également.

Solutions de promotion du vélo

Diverses recommandations ont été identifiés suite à l’enquête effectuée auprès des jeunes de 13 à 20 ans qui permettraient non seulement une pratique plus répandue du vélo pendant la jeunesse pouvant se poursuivre à l’âge adulte, mais aussi une transition vers une mobilité durable.

  • Prolonger la pratique ludique en une pratique utilitaire et régulière avec des actions touchant les jeunes et leur environnement, un apprentissage dans le cadre scolaire, des séances de prévention et des cours de conduite.
  • Faciliter l’accès à un vélo en état de fonctionnement avec des bons à l’achat ou à la réparation au même titre que les subventions en transports publics, des bourses vélo, un service de location de longue durée et des vélos en libre-service auprès des établissements scolaires à des prix attractifs.
  • Cibler la communication autour des besoins et attentes des jeunes avec des campagnes favorisant l’image positive du vélo.
  • Permettre aux jeunes de tester le vélo durant les sorties ou camps scolaires.
  • Développer les infrastructures et aménagements, en particulier ceux menant aux établissements scolaires. Rendre sûrs les secteurs alentour avec des fermetures ponctuelles au trafic motorisé (par exemple aux heures de début et de fin des cours).
Rapport complet de l’Université de Lausanne
 

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