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©Photo: Ryan / unsplash.com

13 mai 2022

Les SUV accusés de tous les maux

A tort ou à raison, les SUV sont pris pour cible. Trop gros, trop gourmands ou trop dangereux, ils déchaînent les passions.

Tous les dix ans, les voitures s’élargissent d’environ cinq centimètres et s’alourdissent de cent kilos. L’augmentation du poids des véhicules n’est pas uniquement due à l’agrandissement de ses composants extérieurs (pneus, carrosserie), mais aussi à leurs équipements intérieurs (largeur des sièges et mécanismes supplémentaires pour leur réglage, capteurs électroniques, renforts plus épais, etc.).

La branche automobile doit s’adapter à l’évolution des exigences en matière de sécurité routière, mais aussi aux souhaits des automobilistes. En effet, les voitures plus spacieuses confortent les consommatrices et consommateurs dans leur sentiment de sécurité et de confort. Les SUV, qui représentent aujourd’hui près d’une voiture sur deux dans le marché suisse - et tout autant pour l’Europe - sont particulièrement appréciés et les raisons en sont multiples. La hauteur de leur habitacle en premier lieu, qui permet aux conductrices et aux conducteurs de surplomber la route et d’avoir une meilleure visibilité, leur look moderne et sportif, leur rapport qualité prix, leurs qualités tout-terrain, ainsi que leur espace intérieur spacieux (habitacle, sièges et coffre) font du SUV une voiture familiale confortable, abordable et à la conduite sécurisante. Pas étonnant qu’il séduit près d’une personne sur deux et cela indépendamment du genre, de l’âge ou du statut familial.

Dans le collimateur

Mais ces engins très prisés pour leur confort sont aussi vivement critiqués. Destructeurs de la nature, chars d’assaut urbains, tueurs de climat; bon nombre de surnoms péjoratifs les qualifient et leurs torts sont multiples: sources de croissances des émissions de CO2, dangers pour les autres usagères et usagers de la route, consommateurs d’énergie, mangeurs d’espace sur des infrastructures pas adaptées à leur gabarit ou encore responsables de la hausse des accidents (selon la taille du SUV, entre 10 et 27% de plus que ceux causés par les autres voitures), les SUV sont mal vus.

Pourtant, ils continuent d’affluer sur les routes et les Helvètes en sont friands; en dix ans, leur nombre a doublé, voire triplé selon certaines sources. L’Office fédéral de la statistique ne donne à ce jour pas d’information précise sur le modèle du véhicule acheté. Auto Suisse, par contre, recense chaque mois l’évolution des nouvelles immatriculations. Le SUV en ressort deuxième du classement.

Aujourd’hui, la moyenne du poids des voitures neuves est de plus d’une tonne et demie. Et le problème de poids est de taille: en cas de collision avec l’une d’entre elles et une voiture classique, le risque de décéder ou d’être grièvement blessé-e est 50% plus élevé si la différence de poids entre les deux véhicules se trouve entre cent et cinq cents kilos. Ce risque est triplé dès que la différence s’élève à cinq cents kilos et au-delà (selon calculs sur la base des statistiques des accidents de l’OFROU). En tant que piéton-ne, le danger est deux à trois fois plus grand qu’avec une voiture moins lourde. Outre le fait que le poids et la taille du SUV jouent un rôle important dans les accidents, la hauteur du pare-chocs est aussi à prendre en compte. Celui d’un véhicule de tourisme moyen étant situé plus bas, celui-ci aura peu de chance de jouer son rôle de protecteur lors d’une collision avec un SUV.

En Suisse

Pour mettre à mort l’achat et la vente de SUV, les villes d’Europe ne manquent pas d’ingéniosité, comme taxer leur mise en circulation, augmenter le prix du stationnement ou leur interdire l’accès au centre-ville. A Lausanne, ces trois résolutions viennent d’être votées par le Conseil communal. Du côté de Berne, une motion a été déposée l’année dernière pour interdire l’importation des véhicules de plus de deux tonnes. Le parti écologiste s’inquiète entre autres de l’augmentation du poids des véhicules dans la sécurité routière. Une interpellation a été lancée en début d’année, demandant au Conseil fédéral d’examiner des mesures pour encourager la vente de véhicules plus légers. Le débat ne fait donc que commencer…

Autant de haine pour un véhicule adulé, c’est fascinant, mais en Suisse, le débat reste plutôt mitigé. Si les écologistes veulent bannir le SUV de nos routes, d’autres se battent pour ne pas généraliser ces véhicules et prendre en compte d’autres facteurs, comme la vitesse ou le comportement des automobilistes. Ils demandent d’agir sur la prévention et la sensibilisation plutôt que sur l’interdiction, ou de penser à introduire des primes à l’achat pour les véhicules électriques, plutôt que d’augmenter les impôts sur la puissance du véhicule.

Si la guerre est bel et bien déclarée entre les pro et les anti, le SUV, lui, continue son petit bonhomme de chemin…

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