Encore plus polluante que les émissions des gaz d’échappement, l’abrasion des pneus va devenir la source principale de pollution atmosphérique au sein des villes. Et les véhicules électriques sont loin d’être irréprochables.
Selon une étude de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la pollution liée au freinage devrait devenir la source dominante de pollution des villes d’ici 2035. Les microparticules les plus néfastes proviennent du métal ou du plastique émis lors de l’abrasion des freins et des pneus, mais aussi par l’usure du bitume. Les particules sont plus au moins denses en fonction du poids du véhicule, de la saleté de la route ou encore de la manière de conduire. Les plus fines, inférieures à 2.5 millièmes de millimètre (microns), pénètrent dans les poumons et les vaisseaux sanguins, provoquant maladies respiratoires et cardiovasculaires chroniques, jusqu’aux infections aiguës (cancers des poumons).
En Suisse, ces particules ont diminué de 40% depuis 1998 et se situe sous les 10 microgrammes par m3 dans les villes, ce qui correspond au plafond d’immixtion annuelle recommandé par l’OMS.
Incertitudes
Toutefois, il semble que des mesures concrètes manquent et des recherches plus poussées doivent être menées; les efforts déployés jusqu’alors se sont surtout concentrés sur les émissions générées par les gaz des pots d’échappement. L’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) ont publié une étude révélant que 14'000 tonnes de matières plastiques sont rejetées chaque année dans l’environnement. Près des trois quarts se déposeraient sur la route, 5% dans les sols et 20% dans les eaux. La construction d’installations de traitement des eaux de chaussée permet d’éliminer une grande part des microplastiques. Reste qu’une partie est transportée dans les airs sous forme de particules fines et pénètre directement dans nos poumons… Les quantités effectives sont malheureusement incertaines, les données de l’étude étant basées sur des estimations et mesures ponctuelles.
Véhicules électriques
Les véhicules électriques sont loin d’être exemplaires en ce domaine. Un rapport de l’OCDE révèle même que les particules de 2.5 microns rejetées par les véhicules électriques chargés de grandes batteries sont de 3 à 8% plus importantes que celles des véhicules traditionnels. De plus, si ces véhicules réduisent les particules émises lors du freinage, les émissions seraient largement compensées par les rejets de l’abrasion des pneus dus à leur poids. Quant aux véhicules électriques légers, ils rejetteraient 11 à 13% moins de particules fines que les véhicules classiques.
Réduire les rejets
À court terme, le plus efficace serait de remplacer le cuivre des plaquettes de frein, ce qui est déjà exigé en Californie et dans l’État de Washington par exemple. Les futures normes antipollution Euro 7 actuellement en discussion doivent intégrer la limitation de ces rejets néfastes à notre santé.
Un défi attend donc les fabricants automobiles qui devront limiter la poussière noire se déposant sur les jantes des véhicules. Plusieurs solutions sont en cours d’étude: un boîtier de retenue des poussières a déjà été testé par Volkswagen. Actuellement, un système d’aspiration plus complexe est à l’étude en France et pourrait être produit en série à partir de 2023. Ce boîtier réduirait de 85 à 90% les rejets de particules liées à l’abrasion des plaquettes de frein et le filtre ne devrait être changé que tous les 300'000 kilomètres.
Si les futures normes Euro 7 sont très exigeantes, les systèmes d’aspiration deviendront obligatoires dès 2025.
Sources
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pollution/freins-et-roues-principales-sources-de-particules-fines-dans-les-villes_149844
https://www.24heures.ch/la-lutte-contre-les-suies-de-freinage-est-lancee-621611810819