Le TCS Fribourg soutient l’initiative pour la première heure de parking gratuite en ville de Fribourg.
Après avoir lancé l’initiative communale "L’automobiliste n’est pas un pigeon. C’est un voyageur", qui demandait le plafonnement du tarif des parkings à 1 franc par heure et qui a recueilli plus de 45% des suffrages, le Parti des artistes a lancé une nouvelle initiative populaire communale, demandant que la première heure de parking sur le domaine public soit gratuite en ville de Fribourg. L’initiative "La première heure de parking gratuite à Fribourg" est soutenue par Le Centre, le PLR, l’UDC, la section Ville de GastroFribourg, l’Association fribourgeoise du commerce, de l’artisanat et des services (AFCAS), l’Association des intérêts des commerçants et artisans de la Basse-Ville (AICAB) et le TCS Fribourg. Fort de quelque 50’000 membres de tout le canton, le TCS voit en cette initiative un geste d’ouverture envers les visiteurs de la capitale, qui doit rester une ville d’accueil. Ce soutien s’inscrit également dans la ligne des visions de la section sur le libre choix du moyen de transport, aujourd’hui entravé par la politique de la Ville, qui péjore également l’attractivité de la capitale et renforce le fossé avec le reste du canton.
Le TCS est aussi sensible à soutenir les commerçants, les artisans et les restaurateurs qui ont vu leur chiffre d’affaires reculer drastiquement, entre autres en raison des chicanes faites aux automobilistes.
Les partis du centre droit sont sur la même longueur d’onde, tout aussi sensibles à l’attractivité du centre cantonal. Les associations de commerçants et de la restauration montent également au créneau pour défendre leurs membres qui, dans une situation économique déjà difficile, sont pénalisés par les mesures prises par Fribourg à l’encontre du trafic automobile.
Le 20 février, le Conseil général de Fribourg a nettement rejeté l’initiative. Le texte sera par conséquent soumis au scrutin populaire, le 9 juin prochain. Et tous les partenaires de l’initiative se mettront en campagne pour ce scrutin.
Claudio Rugo, président du parti des artistes
"Le domaine public appartient à toutes et tous"
Parmi les partenaires qui font campagne pour l’initiative, tous s’accordent à dire que le Parti des artistes a fait l’essentiel de la récolte des signatures et a assuré que l’initiative puisse être soumise à la population. Son président, Claudio Rugo, n’en est pas à son coup d’essai. Sa précédente initiative sur les parkings, au titre évocateur – "L’automobiliste n’est pas un pigeon. C’est un voyageur" – qui demandait le plafonnement des parkings à 1 francs l’heure, avait convaincu plus de 45% des citoyen-nes de la ville… et conduit les partenaires de l’initiative pour la première heure gratuite à lui emboîter le pas.
Pour lui, il est évident que les tarifs pratiqués à Fribourg sont trop élevés pour la classe populaire. Il conteste également que la Ville surfacture l’utilisation du domaine public. "Le domaine public appartient à tous. Avant, il y avait des zones bleues. Elles étaient gratuites. Aujourd’hui, la Ville pratique des tarifs exorbitants, comme l’a montré Monsieur Prix. Le paiement du parking s’apparente en outre à une taxe. Et je suis contre les taxes, car elles sont antisociales: elles coûtent autant aux pauvres qu’aux riches.» Les mesures anti-voitures ont confirmé son intuition qu’il y avait quelque chose à faire pour contester certaines décisions de la Ville en termes de parking. "On doit avoir le libre choix du moyen de transport. Le multimodal est très cher. Les bas salaires ne peuvent pas se le payer. Je ne suis pas un "bagnolard", mais je sais écouter les habitant-es. Cette initiative est née dans les bistrots de la Neuveville."
Simon Murith, président Le Centre, ville de Fribourg
"Revenir à une politique de mobilité plus mesurée"
"Avec cette initiative, nous voulons montrer une image plus accueillante de la ville de Fribourg. Elle est la capitale cantonale et doit arrêter de créer un fossé avec le reste du canton. La politique de la mobilité impacte très négativement l’image de Fribourg. Nous souhaitons donc que la Ville revienne à une politique plus mesurée et plus nuancée. Le Centre n’est pas un parti pro-voiture, mais nous nous opposons à une politique idéologique anti-voiture. Nous sommes tout à fait favorables à un centre-ville piéton de la gare à la basse-ville, mais nous nous engageons aussi pour son dynamisme, qui passe par son accessibilité. Les commerçant-es souffrent de la politique de la mobilité et, sans eux, il n’y a pas de dynamisme.
Nous avons décidé de nous joindre à cette campagne parce que, premièrement, la précédente initiative du Parti des artistes – que nous n’avons pas soutenue – a montré que la population de la ville n’adhérait pas complètement à la politique de ses autorités: plus de 45% de la population était favorable au plafonnement des tarifs de parking à 1 franc par heure. Deuxièmement, nous voulons exprimer notre désaccord à la Ville. Après la décision de prolonger le temps de stationnement payant le matin et le soir, elle avait promis de ne pas augmenter les tarifs. Ce qu’elle s’est pourtant empressée de faire.
Cette initiative nous permet de donner un signe clair aux autorités en leur disant "stop". Si la population la soutient, ça forcera la majorité à mettre en place des mesures favorisant vraiment la multimodalité, plutôt que d’empiler les restrictions. La ville doit déplacer une partie de son énergie vers la création de nouvelles solutions, par exemple l’information sur les parkings disponibles."
David Krienbühl, secrétaire général de l’Association fribourgeoise du commerce, de l’artisanat et des services (AFCAS)
"Les citoyen-nes et les commerçant-es vous attendent les bras ouverts"
"Les commerçant-es, les artisan-es et les entreprises de services de Fribourg ne peuvent pas vivre en vase clos, en ne comptant que sur les habitant-es de la ville. Nous avons besoin de faire commerce avec toutes les Fribourgeoises et tous les Fribourgeois et ces derniers ont aussi besoin de venir en ville pour bénéficier de nombreux services. C’est la raison pour laquelle, l’AFCAS s’engage dans cette campagne.
Nous voulons adresser un message important aux citoyen-nes de notre canton: "Notre ville est magnifique. Nous pouvons vous proposer des commerces très attractifs et de nombreux autres atouts. Les citoyen-nes et les commerçant-es vous attendent les bras ouverts."
L’initiative est un geste d’ouverture pour que la ville reste vivante. C’est une manière de dire au reste du canton que beaucoup de personnes, en ville de Fribourg, ne sont pas alignées sur la politique de mobilité très restrictive de la Ville. C’est donc un geste d’ouverture vers l’extérieur et de restauration de l’image de la ville.
L’initiative pour une première heure gratuite est un premier pas pour repenser une politique de la mobilité basée sur une pesée d’intérêts, à l’écoute des besoins du tissu économique et des nombreux petit-es indépendant-es qui font un travail remarquable et qui souhaitent simplement pouvoir accueillir des client-es de tout le canton. Cette première heure gratuite doit être accompagnée d’autres mesures telle que – enfin – l’installation d’une vraie signalisation qui indique la disponibilité des places de parking, publiques et privées, pour toutes les personnes qui arrivent à Fribourg en voiture. Ce dispositif permettrait d’économiser d’un seul coup 20% du trafic en ville, en libérant le plus vite possible le trafic en surface."
Daniel Savary, commerçant, propriétaire du XXe au centre de Fribourg
"Il faut redonner de la vie à Fribourg"
Sur les réseaux sociaux, il a popularisé l’expression de "Fribourg, ville morte". Au téléphone, il relativise… un peu.
"Fribourg bouge encore mais perd de sa vigueur et très rapidement. Nous devons nous donner les moyens de l’accueil. L’image de la ville est catastrophique à l’extérieur: c’est une mode de dire "je ne viens plus à Fribourg". Mais Fribourg est la capitale du canton. Elle doit être ouverte. On doit pouvoir s’y rendre et faire vivre cette ville. J’ai envie de dire au reste du canton: vous êtes les bienvenus à Fribourg.
Et il faut aussi noter que, qu’on le veuille ou non, on doit parfois venir à Fribourg pour des questions pratiques, puisque la grande majorité de l’administration cantonale y est hébergée. On ne peut pas seulement demander à la population du canton d’investir pour les institutions cantonales telles que le Musée d’histoire naturelle, la Bibliothèque cantonale et universitaire… et ensuite lui fermer l’accès à ces institutions. La première heure gratuite est une première étape pour aider les commerces à se développer. On en est arrivé à un stade où avoir une activité dans cette ville est presque considéré comme une nuisance. On devrait plutôt se réjouir du dynamisme du tissu économique et de la vie culturelle."
Jean-Claude Cotting, directeur et président de l’Association des commmerçant-es de Pérolles Centre
"Les autorités décident selon des idées et non selon des planifications"
Jean-Claude Cotting est un fin connaisseur du commerce fribourgeois. À ses yeux, la Ville de Fribourg se trompe de chemin dans sa manière de procéder en termes de mobilité: "Il y a un fossé entre le politique et l’opérationnel. L’administration décide et nous, les gens de terrain, devons nous adapter. C’est une mauvaise manière de faire. Toutes les sociétés qui ont procédé de cette manière ont coulé."
Il s’étonne que la Ville ait supprimé le panneau qui indiquait l’entrée du parking de Pérolles Centre – pour le remplacer par un panneau 30 à l’heure – sans juger bon d’en informer les commerçant-es. "En enlevant le panneau, on fait tourner les gens en rond. C’est totalement contre-productif."
Jean-Claude Cotting ne veut pas se lancer dans des polémiques stériles avec la Ville, mais il constate que "la politique de la Ville ne fait rien pour favoriser le commerce. Des médecins, des bureaux d’avocat-es quittent le centre-ville. Avec eux, ce sont toutes les personnes qui venaient en rendez-vous chez eux qui ne fréquenteront plus les commerces."
S’il ne pense pas que l’heure gratuite changera fondamentale- ment la donne, il est en tout cas certain que ce sera un signe important adressé à celles et ceux qui souhaitent venir faire leurs achats à Fribourg en voiture : "Tout ce qu’on peut leur offrir de plus est très bien. À Pérolles Centre, nous travaillons très bien du lundi au jeudi, mais nous avons perdu la clientèle du week-end qui n’a plus de plaisir à venir. Le vendredi et le samedi nous perdons 600 à 800 client-es. Les gens nous disent qu’ils ne veulent plus venir à Fribourg".
"Je suis un enfant de la Basse-Ville et je peux très bien comprendre les autorités qui veulent embellir la ville. Mais on ne peut pas faire vivre la ville sans ses commerçant-es et les emplois qu’ils procurent. La Ville prend souvent l’exemple des grandes cités suisses, mais nous ne sommes pas une grande ville, nous sommes un grand village. Quelle grande ville n’offre qu’un seul accès à sa gare, comme le fera la nôtre lorsque l’avenue de la Gare sera fermée?"
Philippe Roschy, président de GastroFribourg
"On dresse une muraille autour de la ville"
"GastroFribourg n’est pas contre la mobilité douce, qui reste un enjeu de taille pour notre avenir. Nous souhaitons juste qu’elle s’impose en douceur. Aujourd’hui, nous devons digérer son introduction de façon de plus en plus accélérée, avec un manque de bon sens et une certaine arrogance des autorités communales vis-à-vis des habitant-es de l’extérieur. Les chantiers se superposent, les places de stationnement diminuent sans cesse, les 30 km/h sont partout, les pistes cyclables et les obstacles en tous genres (sens uniques, restrictions de circulation, bornes, etc.) se multiplient… Sans parler des horaires de parking payants, qui ont été étendus en janvier 2023, de 7h30 à 19h30 au lieu de 8h à 18h30, et dont le prix est relativement élevé. Tout cela fait que l’on dresse une sorte de muraille autour de la ville, qui dissuade de plus en plus les personnes de venir acheter ou consommer dans leur capitale et, inévitablement, les commerces en souffrent. Dans notre branche, une baisse sensible du chiffre d’affaires, principalement lors du service de midi, se fait sentir.
Cette première heure gratuite ne va pas tout révolutionner, mais elle serait un signal fort qui démontrerait aux autorités qu’elles poussent le bouchon trop loin et que ce ne sont pas que les gens de l’extérieur de la ville qui s’en plaignent, mais également une part non négligeable de la population locale. Cette mesure aurait des effets positifs pour les commerçant-es pour autant que l’heure gratuite durant la pause de midi (de 12h à 13h) ne soit pas supprimée dans la foulée en guise de représailles. J’aimerais dire aux autorités : "Laissez-nous, commerçant-es, artisan-es, restaurateurs-trices, vivre et travailler dans la continuité de notre savoir-faire. Donnez-nous la possibilité de nous développer et de pérenniser nos commerces au lieu de nous couper les vivres".
Cette heure gratuite favorisera les affaires en incitant les gens de l’agglomération à revenir manger de temps en temps à midi en ville pour leurs "business lunchs". Nous avons en effet constaté qu’ils perdaient progressivement cette habitude. On peut leur envoyer un message d’encouragement et de bienvenue avec cette initiative. Mais, bien sûr, d’autres mesures sont nécessaires. Nous réclamons depuis une quinzaine d’années des parkings publics au centre-ville, et pas seulement en périphérie. Il faut permettre un accès plus fluide au cœur de la cité. Cela commence par une meilleure coordination des travaux et par une limitation des entraves à la circulation."